Histoire de fantômes japonais : Bancho Sarayashiki

24 Jan 2020


Dans notre série sur les histoires de fantômes japonais, après Yotsuya Kaidan, nous parlerons cette semaine de Bancho Sarayashiki, que vous connaissez certainement déjà sans le savoir puisque que cette légende a inspiré le fameux film The Ring. Cette histoire, qui remonte au moins au 18ème siècle puisqu’une pièce de Bunraku s’en ai fait l'adaptation en 1741, est celle d’une jeune fille injustement punie qui reviendra hanter son bourreau, mais aussi toute la culture japonaise puisqu’on en trouve d'innombrables adaptations, références, peintures, etc…

Comme d’habitude, puisqu’il s’agit d’une légende, il en existe maintes versions et chaque période a transformé, au cours des siècles, l’histoire selon la mode, les peurs et les préoccupations de l’époque. Nous nous en tiendrons ici à la version la plus courante :



Il y a longtemps, vivait une belle et jeune servante répondant au nom de Okiku, et dont le maître, un samouraï appelé Aoyama, était réputé cruel et brutal. Ce dernier, convoitant Okiku, lui faisait chaque jour des avances, voulant faire d’elle sa maîtresse mais la jeune femme s’appliquait à les refuser cordialement. Perdant patience, le samouraï tend un piège à Okiku. En effet, le domaine possédait 10 assiettes extrêmement précieuses considérées comme l’un des trésors familiaux, et leur garde était à la charge de la servante. Aoyama décida alors de cacher l’une des assiettes puis de faire remarquer à Okiku qu’il en manquait une. Prise de panique, cette dernière compte et recompte sans cesse les assiettes, en casser une étant passible de mort comme châtiment, pour arriver perpétuellement au nombre de 9. 
 
Aoyama offre de couvrir Okiku, à condition qu’elle devienne sa maîtresse, mais cette dernière refuse une fois de plus. Le samouraï, fou de rage, la bat et la fait suspendre au dessus d’un puit, la torturant et la plongeant à l’intérieur, et lui demande une dernière fois si enfin, elle deviendrait sa maîtresse. Refusant encore, il la tue et jette son corps dans le puit.
 

Depuis ce jour, on entend la voix d’Okiku résonner depuis le puit, comptant de 1 à 9 et poussant ensuite un terrible cri d’effroi. Certaines légendes disent qu’un moine aurait réussi à conjurer le fantôme en criant 10 à la fin de son compte, et l’esprit, ainsi apaisé, serait passé dans le monde des morts. D’autres disent qu’on entend encore chaque nuit Okiku désespérée compter et pleurer, dans le puit du Château de Himeji, l’un des plus célèbres château du Japon dont le puit est donc devenu une attraction touristique.
Chateau de Himeji
Le château de Himeji au crépuscule

Au 18ème siècle, la légende était si répandu qu’au moment où une invasion de larve se répand dans les vieux puits du Japon, les gens commencent à parler de l’infection comme la vengeance d’Okiku, et on finit par appeler la chenille le Okiku Mushi. Aujourd’hui encore, l’histoire reste très célèbre au Japon et on en compte plusieurs adaptation au cinéma. Cette dernière aurait notamment inspiré le personnage de Sadako (ou Samara dans la version américaine) du film The Ring