Isamu Noguchi, un destin americano-japonais

05 Feb 2020


Isamu Noguchi… Comment ça ce nom ne vous dis rien? Mais si, croyez moi vous connaissez déjà des oeuvres de ce sculpteur et designer à la mère américaine et au père japonais. Vous avez forcément déjà vu, ne serait-ce que chez Ikea, la fameuse lampe Akari, faites de papier autour de fil de fer entourant une ampoule, rappelant les lanternes, maintes fois copiée et recopiée.

Alors, vous voyez de qui on parle maintenant? 

Cette dernière a vu le jour lorsque le designer, qui partait en direction d’Hiroshima, s’arrêta dans la ville de Gifu, connue au Japon pour être le lieu de production principale des chochin (écrit 提灯, lanternes traditionnelles) dont l’industrie était, dans les années 50, mourante. On introduit Isamu Noguchi au maire, qui lui demande de l’aider à redynamiser la vente de lanterne en échange d’une commission. C’est alors que Noguchi a l’idée de ce qu’il s’appelle “sculptures de lumière”, c’est à dire créer une multitude de formes à l’aide du papier et d’une structure de fer, dont l’ensemble sera désormais désigné comme les lampes Akari, qui jouiront d’un franc succès.
Lanterne Gifu Isamu Noguchi
Lampe Akari de Gifu Atsurio Cantabrio CC4.0

Si nous vous racontons cette histoire, c’est qu’elle est représentative de la carrière de Noguchi qui a su, à travers son oeuvre, réinventer le design et la sculpture en utilisant différents éléments traditionnels japonais passés au filtre de la puissance créatrice de son imagination. Le sculpteur est le fils de Yone Noguchi, homme de lettre japonais à la vie tumultueuse connu pour ses poésies, et de Leonie Gilmour, journaliste et femme de lettre américaine ayant elle aussi eu une vie pleine de rebondissements, ce qui lui valut même un film appelé Léonie de la réalisatrice Hisako Matsui. L’enfant grandit surtout avec sa mère, son père étant rentré au Japon, et il partage son enfance entre les Etats-Unis et le Japon. Une fois jeune adulte, il part tenter sa chance à Paris et entre à l’atelier de Constantin Brancusi, dont on peut toujours admirer les sculptures au Centre Pompidou de Paris.
Table Isamu Noguchi
La Table Noguchi, l'une des pièces les plus célèbres du designer sailko CC3.0

C’est sans doute cette vie construite dès l’enfance sous le signe du voyage qui a donné à l’artiste une telle liberté dans son travail. Et si on peut trouver ses oeuvres un peu partout dans le monde, c’est notamment à lui qu’on doit le jardin de l’Unesco à Paris, on en trouve beaucoup au Japon! On peut par exemple admirer quelques une de ses sculptures à l’Université de Keio à Tokyo, il est également le créateur du parc Moerenuma de Sapporo avec sa pyramide monumentale et on trouve à Takamatsu un musée jardin qui lui ai dédié, le Noguchi Garden Museum. Ce dernier était en fait le lieu de résidence et l’atelier de l’artiste lorsqu’il venait dans la ville, autour de laquelle on trouve de nombreuses carrières de pierre, une vraie mine d’or pour ce sculpteur obsédé par la matière. Il vécut donc entre Mure, cette petite ville collée à Takamatsu, et New York les 20 dernières années de sa vie et un quart de ses cendres seraient apparemment contenus dans l’une de ses pierres préférées, placée dans le jardin du musée, une moitié étant dans son musée de New York et un dernier quart sur l’île de Maui.
Alors si vous passez par Takamatsu, pourquoi ne pas en profiter, après une excursion au fameux jardin Risturin Koen, pour aller découvrir le havre de paix qu’Isamu Noguchi s’était construit?